Traces | Group Show
Yui Uchida | Shin Masaharu | Sayuri Ikake
21 mars 2022 – 18 Avril 2022
AIFA Verbier, Suisse
Une trace peut désigner l'existence d'une chose ou le signe qu'elle a existé. Tel le vestige d'une civilisation ancienne, elle suggère le résultat d'une expérience ou d'un apprentissage par la mémoire, le savoir-faire et l'héritage culturel ; mais elle fait aussi allusion à une marque laissée sur un objet, à un dessin ou même à une empreinte de main.
Cette troisième exposition à la galerie d'art de Verbier présente le travail de trois artistes japonais contemporains et explore le thème des traces sur différents supports.
En conclusion, que ce soit par élimination ou, au contraire, en les rendant visibles et en les intégrant à l'œuvre, un artiste, par l'acte de création, laissera sa trace.
Yui Uchida : dessins de films d'animation | De l'héritage à un nouveau mode de création
Yui Uchida fait partie de la jeune scène artistique japonaise contemporaine. Son univers artistique est le fruit d'expérimentations et s'inspire des films d'animation qu'elle a découverts dès son plus jeune âge.
Ses œuvres sur film transparent sont un clin d'œil aux dessins sur celluloïd. Cependant, son but n'est pas de conserver une technique artistique mais de l'utiliser pour explorer un nouveau mode de peinture et rendre le mouvement dans une seule image. Elle l'exprime, à l'intérieur d'une boîte, par la représentation et la décomposition d'un mouvement qui pourrait être comparé à une séquence d'animation. Elle l'amplifie encore par les ondulations du film polyester qui donnent une impression de reliefs.
Sur une toile traditionnelle, l'artiste réalise d'abord l'arrière-plan et termine par les détails. Yui Uchida crée ses peintures au dos du film transparent ; sa technique est donc inversée et le spectateur découvre ainsi l'image de l'autre côté de l'écran. L'utilisation d'un film transparent comme support visible donne à l'œuvre son propre rendu. Sa technique doit être mise en perspective avec la peinture traditionnelle qui nécessite l'utilisation d'un support qui lui est rendu invisible par la peinture. La boîte en acrylique est une partie indivisible de l'œuvre. Elle a deux significations ; elle fait référence à la membrane d'une cellule sans laquelle un organisme ne pourrait pas survivre, mais est également liée aux barrières transparentes érigées pour empêcher la propagation des virus. Une référence à ces murs transparents qui nous empêchent de nous rencontrer et qui sont censés préserver nos vies.
Shin Masaharu : Sérigraphie | Effacement des traces de l'artiste
Shin Masaharu fait partie de la jeune scène artistique japonaise contemporaine. Il partage également des sujets et des contextes avec des artistes d'autres pays et d'autres cultures. Il évite d'être prisonnier de l'héritage ou du cadre de l'identité culturelle. Son approche de l'art questionne la signification de l'art dans la société et son évolution au fil du temps. En parvenant à confondre les attentes que nous avons vis-à-vis de l'art contemporain japonais, il ajoute de nouvelles dimensions à sa création artistique.
L'art n'exprime pas les valeurs culturelles ou sociétales de manière directe ; il s'agit plutôt d'un outil qui permet de confirmer visuellement les changements de ces valeurs. Les artistes, ainsi que les auteurs, les cinéastes, les créateurs de mode et même les créateurs culinaires ou les influenceurs contribuent alors à changer ces valeurs. L'histoire de l'art a une longue tradition de catégorisation des œuvres d'art par mouvements, styles, géographie ou époques ; en conséquence, on essaie souvent de voir l'héritage du pays d'origine d'un artiste.
Ses œuvres récentes remettent en question la valeur accordée à l'or ou à l'argent dans nos sociétés, autant en termes de tradition culturelle que de valeur intrinsèque. Ainsi, dans sa nouvelle série intitulée Kohama Island, Shin Masaharu utilise la couleur or, car l'utilisation de feuilles d'or reflète la peinture japonaise traditionnelle. Pour l'artiste, il s'agit d'une critique de la quête d'une identité visuelle régionale qui selon lui ne cherche qu'à imiter la tradition de son propre lieu.
Ses peintures présentent des motifs de feuilles d'or et des effets de miroirs qui, en fait, ne sont pas le reflet de la réalité, mais simplement une illusion. À travers son travail, l'artiste remet en question la relation entre le motif et la peinture en tant qu'authentique et faux. Son travail est également un questionnement sur l'essence même d'une peinture authentique ; s'agit-il des traces physiques laissées par l'artiste sur la toile ou du reflet de sa pensée intérieure ?
Ses œuvres sont créées à l'aide d'une méthode semi-industrielle, la sérigraphie. Il efface ainsi les traces de la patte de l'artiste. Son œuvre est aussi un miroir de son esprit, et c'est pourquoi il inclut dans ses créations des souvenirs personnels et des épisodes de sa vie privée.
Sayuri Ikake : De la main à la porcelaine | Brouiller les frontières entre l'art et l'artisanat.
Autant historiquement que conceptuellement, la céramique est un matériau qui fascine les artistes. Ces derniers remettent de plus en plus en question le diktat bien connu qui fait la distinction entre l'artisanat et les beaux-arts. Dans un monde dans lequel le numérique envahit de plus en plus notre quotidien, les créations en céramique nous reconnectent avec la matière, un lien direct avec la Terre.
Le tour de potier, dont l'origine remonte à plusieurs milliers d'années, a rapidement attiré Sayuri Ikake. Après des années d'expérimentation, elle a développé son mode d'expression. Elle combine les techniques traditionnelles avec son propre mélange d'argile et de pigments pour créer des œuvres originales, remarquables tant par leurs formes que par leurs couleurs.
À l'aide du tour de potier, elle crée plusieurs pièces qu'elle assemble ensuite pour donner naissance à une forme. Cette dernière est la traduction de sa conceptualisation mentale et la trace concrète de son monde intérieur. Elle crée des pics dans sa paume et les place une à une sur une base, laissant ainsi des traces visibles de ses doigts sur ses créations. Cette technique singulière lui permet de donner du mouvement à ses œuvres, qu'elle décrit comme la respiration de la forme. Aussi essentiel que la mémoire, l'émotion et les sens humains. « Si l'on parvient à les transférer dans une œuvre d'art, l'objectif est atteint.»
Trouvant son inspiration dans la nature, son travail est une combinaison méticuleuse de gestes traditionnels et de techniques innovantes qui servent à exprimer sa croyance en l'éternité.
Pleinement intégrée à la scène artistique de la céramique japonaise contemporaine, Sayuri Ikake crée des sculptures en réinterprétant la tradition et l'héritage. Son travail nous offre une perspective nouvelle et originale sur la porcelaine.
Les artistes
Liste des services
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Yui Uchida 内田ユイ
« Je peins des œuvres d'art sur des matériaux transparents. C'est une référence à la peinture sur cellulose utilisée dans le passé dans les films d'animation. Depuis mon plus jeune âge, je regarde des dessins animés à la télévision, c'est pourquoi j'ai l'impression d'être familière avec les celluloïds.
Lorsque j'ai vu que dans des ventes, les celluloïds étaient vendus comme des œuvres d'animation, j'ai été convaincue que comme pour la peinture, chacune d'elles était unique et peinte à la main.
J'étends la notion de « peinture sur cellophane » à l'art contemporain. Je soulève la question des frontières entre le « spectateur » et « l'autre côté de l'image ». Je travaille sur la mobilité / le temps de l'image dessinée, la fiction, la réalité, et la distance, en utilisant les caractéristiques de la transparence de la plaque en acrylique et du film polyester. »
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Shin Masaharu 新正春Élément de liste 2
Shin Masaharu est né en 1996 dans la préfecture d'Osaka.
Il a obtenu son diplôme de maîtrise en peinture à l'huile de l'Université des arts de Kyoto en 2021. Il a reçu le NONIO ART WAVE AWARD Sadaya Iwabuchi Jury Prize (2020) et le Shell Art Award (2020).
Shin Masaharu fait partie de la jeune scène artistique japonaise contemporaine et aborde des sujets partagés avec des artistes d'autres pays et d'autres horizons culturels. Il évite d'être prisonnier de l'héritage ou du cadre de l'identité culturelle. L'approche artistique de Shin Masaharu remet en question la signification de l'art dans la société et son évolution au fil du temps. Par ailleurs, il parvient à confondre nos attentes à l'égard de l'art contemporain japonais, ajoutant de nouvelles dimensions à sa création artistique.
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Sayuri Ikake 井掛紗百合Élément de liste 4
Sayuri Ikake est née en 1990 à Osaka, au Japon.
Conseillée par sa famille et ses amis qui ont détecté très tôt ses capacités artistiques, Sayuri a intégré en 2009, le prestigieux cursus de l'université de design et d'art de Kobe.
Le mouvement est essentiel dans le travail de Sayuri, représentant la respiration de la forme, sa connexion à la réalité. Il est aussi essentiel que la mémoire, l'émotion et les sens humains. Selon elle, « si l'on réussit à transférer ces éléments dans une œuvre d'art, l'objectif est atteint. »
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