Comment capturer le passage du temps et la mémoire des formes ? C'est la question au cœur de l'approche artistique de Reiko Kinoshita.

En observant ses peintures, on s'aperçoit que quelque chose était présent auparavant, mais ne l'est plus ; seule la silhouette, le souvenir de la forme subsiste après le temps écoulé. Les peintures de Reiko, principalement sur papier et sur tissu, révèlent ce qui se passe et ce qui était, capturant dans l'œuvre, le passage du temps lui-même.

Gilles Deleuze, l'un des philosophes français les plus influents et les plus prolifiques de la seconde moitié du XXᵉ siècle, a écrit sur les possibilités de percevoir des forces vitales et imperceptibles dans la création artistique.



Les œuvres d'art exposées à la galerie Verbier ont toutes en commun d'offrir aux spectateurs la possibilité d'être témoins de l'impact de l'imperceptible ; une notion qui est également déterminante dans de nombreux aspects de la culture japonaise.

Kohei Ukai crée des sculptures contemporaines en utilisant l'Urushi, une technique de laque traditionnelle japonaise qui remonte à des milliers d'années. Il est fasciné par la relation inhérente et symbiotique entre l'arbre utilisé comme base de l'œuvre d'art et l'Urushi. La laque est dénuée de forme propre, elle n'en acquiert une qu'après avoir été appliquée sur une surface ; ce faisant, l'extérieur révèle ainsi l'intérieur caché de la sculpture.

Tout en protégeant, l'Urushi confère une qualité presque éternelle à la surface des sculptures de Kohei, qui se distinguent par leur brillance et leur élégance.

L'œuvre de Namika Nakai explore les réactions de la porcelaine et de la glaçure à des températures de cuisson extrêmes. De la même manière que les strates sont le résultat visible de l'origine des roches, ses sculptures révèlent les conditions extrêmes et les techniques élaborées auxquelles elles ont été soumises.

Les fissures et les rides ne sont pas considérées comme des défauts, car elles sont héritées de l'esthétique japonaise, qui accepte et célèbre même l'imperfection. Ses sculptures, qui semblent parfois en papier et parfois en métal, jouent sur les contrastes entre fragilité et force et ne peuvent certainement pas laisser le spectateur indifférent.

Les œuvres de Kenji Gomi examinent la véritable nature de la céramique. Elles révèlent l'intérêt de l'artiste pour l'héritage laissé par les poteries Jōmon et les reliques mises au jour à Chino, dans la préfecture de Nagano. Ces reliques l'ont attiré, car on peut y percevoir l'aura des personnes qui les ont créées. Les techniques de création utilisées par Kenji Gomi, ne sont pas fondamentalement différentes de celles employées à l'époque. Il souhaite créer de l'art en combinant unicité et universalité.